Une jeunesse allemande de Jean-Gabriel Périot

 

Alors que la presse et les spectateurs de tous les festivals où Une jeunesse allemande a été présenté ont célébré la force et l’originalité de ce premier long métrage de Jean-Gabriel Périot, nous sommes nombreux, de par le monde, à y voir la poursuite d’un travail entamé au début des années 2000.

Une visite sur le site du réalisateur (www.jgperiot.net) donne ainsi une idée du nombre de ses films, vidéos, installations, de leurs sélections dans les festivals et des nombreux prix qu’ils y ont recueillis. À côté de vidéos à résonances intimes et souvent très drôles, plusieurs de ses films reposent sur des images d’archives, dont l’association, plus ou moins dynamique, a vocation à laisser le spectateur dans un état de questionnement suspensif.

Ce sont l’accélération de l’Histoire qui mènent à des scènes de femmes tondues à la Libération (Eût-elle été criminelle...), ces centaines de cartes postales d’un site à Hiroshima (200 000 fantômes), ces photos de groupes souriants d’hommes et femmes de pouvoir ou de sportifs sur lesquelles prennent le pas des images de manifestants (Les barbares).

Si nous mettons l’accent sur ces courts métrages, percutants, au détriment d’autres de ses films tout aussi réussis et, dans un autre registre, tout autant inventifs, c’est qu’il est rare qu'un auteur, qui n’a pas la fiction comme unique horizon, puisse, pour son premier long, demeurer fidèle à ses engagements initiaux. La réussite de Jean-Gabriel Périot est d’autant plus éclatante qu’il ne s’est en rien répété. En poursuivant son principe de mise en relation d’archives, il a su trouver, sur cette longue durée, une forme singulière sans rien perdre de sa force et de ses ambitions. Là encore, la dimension politique d’Une jeunesse allemande n’a pas vocation à délivrer des réponses toutes faites, à affirmer une thèse ni à dénoncer une situation, mais persiste à nous questionner, à interroger et l’Histoire et les hommes.

 

par Jacques Kermabon
Bref
septembre octobre 2015